La « banalité du mal » est une expression tirée du livre d’Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem : rapport sur la banalité du mal. Elle y décrit le déroulement du procès d’Adolf Eichmann, en 1961, à Jérusalem. Réfugié en Argentine, il est attrapé par le Mossad en 1960 et est accusé d’avoir joué l’un des rôles principaux dans la déportation des juifs. Il est en effet responsable de l’acheminement dans les camps de la mort de millions de personnes.
Elle profite de l’exemple de cet homme pour faire un état du lieu des nouvelles formes du Mal dans notre société, c'est-à-dire ici la « banalité du mal ». Mais le Mal, c’est avant tout ce qui est contraire à la morale, et la banalité désigne quelque chose qui est plat, ordinaire, sans relief. Ainsi, pour Arendt, la banalité du mal désigne le mal fait par des hommes ordinaires, sans réelle volonté de le faire. Le mal ne serait donc pas propre au sujet, il existerait malgré l’homme. Eichmann ne reconnaît rien de condamnable dans ses actes. Donc un problème se pose : La banalité du mal comme la décrit Arendt peut –elle être une excuse au mal ?
Nous nous intéresserons au fait qu’Hannah Arendt envisage dans son livre la banalité du mal comme l’obéissance aux lois dictées ; puis, nous verrons que la banalité du mal ne peut en aucun cas excuser le mal ; enfin, il conviendra de faire la distinction entre la banalité du mal et sa banalisation.
I La banalité du mal comme désobéissance aux lois.
• E = homme ordinaire, un « bourgeois ».
- Elle veut insister sur la banalité de l’homme.
- homme banal, mais qui a commis des crimes affreux. Cf. Si c’est un homme
- A. écrit « qu’il eut été réconfortant de croire qu’Eichmann était un monstre ». Car se dire que l’homme ordinaire, le plus banal au monde, soit capable de tels actes, c’est admettre que le mal se loge en chacun de nous.
• Origine de ce rapport = défense d’E.
- déclare n’avoir rien fait de mal. Il s’appuie sur l’ « impératif catégorique » de Kant et dit qu’il na fait qu’obéir à des lois.
- Alors se pose un problème quant à la possibilité de juger cet homme : culpabilité = responsabilité.
- Ms si pas de responsabilité peut-on le juger ?
• Pour commettre un crime, il faut avoir l’intention de faire le mal, Or ici, aucune volonté, juste des ordres.
- Donc procès révélateur de la nouvelle forme du mal. Alors qu’avant mal = désobéissance aux lois, ici mal = obéissance à ces lois
- Donc pour A., l’impératif catégorique invoqué par E. ne tient pas la route
- Mal qui peut maintenant être assimilé à un refus d’obéissance aux lois morales, car dénis de l’Autre.
• Mais ici, illustration de la banalité du mal par une relégation au second plan des principes moraux
- Le sujet ne pense plus, il agit devient un objet soumis à des lois qu’il ne conteste pas
- Parallélisme avec l’expérience de Milgram : on teste des hommes et des femmes, on voit combien d’entre eux sont prêts à infliger des chocs électriques à d’autres hommes si on leur dit que c’est pour la science.
- Seuls quelques uns abandonnent ; la plupart vont jusqu’à provoquer la (fausse) mort du cobaye (acteur)
Il y a donc dans notre société une banalité du mal, ie l’homme relègue au 2nd plan des principes moraux et préfère commettre d’atroces crimes plutôt que de contester l’autorité. Mais cependant, peut-on pour autant excuser le Mal ?
II Ne pas excuser le mal
• A 1ère vue, banalité peut sembler excuser le mal ; ce que veut E.
- E. se compare presque à un aliéné qui n’est pas capable de distinguer le bien du mal (aujourd’hui, débat sur la responsabilité des malades mentaux)
- Ms A. reproche à E. d’avoir malgré tt été volontaire, il aurait pu s’y opposer=> dc il était d’accord avec cette extermination
- De plus, Hitler pas seul : élu dc peuple derrière lui
• Point de vue philosophique : A. reproche à E. d’avoir arrêté de penser, ie il s’est soumis à l’autorité sans même se demander si ce qu’il faisait était moral ou non.
- Mise en garde contre l’obéissance aveugle aux lois et la grégarité.
Donc banalité du mal ne peut en aucun cas excuser le mal. Cependant aujourd'hui nouvelle forme d’expression du mal, banalisation. Mais est-ce que banalisation = banalité ?
III La banalisation du mal, forme encore plus moderne d’expression du mal
Ne pas confondre banalisation et banalité du mal.
• Différence de point de vue :
- Banalité renvoie au sujet, à l’homme : esprit humain modifié, comportement inhumain
- Le mal a toujours la même valeur du point de vue moral
- Banalisation renvoie à l’objet, au mal directement : c’est le mal en lui-même qui est modifié ;
Dédramatisation du mal
• Exemple :
- Jeunesse : perte de valeurs, absence de distinction entre bien et mal
• Causes :
- Médiatisation à outrance : violence « fait vendre » donc journaux télévisés par ex. exploitent cela ; on devient habitué à cette violence donc on la reproduit
- Exploitation de la peur de la population pour encourager des maux divers tels que le racisme et la xénophobie (partis politiques)
- Justification d’actes barbares par des raisons politiques ou religieuses (terrorisme).
Nous avons donc vu ici que la banalité du mal renvoie à l’homme dans toute sa normalité. En effet, la journaliste/philosophe nous montre que dans chacun de nous réside un E. qui sommeille, ie un être « effroyablement banal », commettant les pires crimes part manque de réflexion et d’adhérence sans réserve aux lois. Mais A. met également en lumière le fait que la culpabilité est aujourd’hui séparée de la notion de volonté.