Etre libre est-ce pouvoir choisir ?

Corrigé essentiellement basé sur des pensées d'auteurs/courants.

Dernière mise à jour : 26/08/2021 • Proposé par: momo4481 (élève)

Souvent, le monde animal nous paraît beaucoup plus libre que le monde des Hommes car il y a une absence de contrainte sociale. L'animal fait ce qui lui plait, c'est à dire il suit ses instincts, il n'a pas de barrière morale, il a une liberté physique lié à son indépendance (dont la définition est: ne dépendre de personne pour vivre). Tout cela est lié à son absence de conscience.

Mais à y regarder de plus près, on s'aperçoit que la liberté de l'animal est illusoire. L'animal est totalement esclave de ses instincts, il est programmé biologiquement. Il est en permanence sous la menace des prédateurs et aussi de ses propres congénères. Il est dépendant des lois de la nature.

Pouvoir choisir, ne pas être soumis à ses instincts, sont les signes les plus évidents de la liberté humaine. Tout Homme à la capacité de dire oui ou de dire non, c'est à dire d'accepter ou de refuser, c'est ce qu'on appelle le libre arbitre de l'Homme, c'est à dire la capacité de choisir par soi-même sans être déterminé par nos choix de l'extérieur.

I. Peut-on être libre en choisissant de ne pas choisir ?

A priori, choisir de ne pas choisir c'est être libre car à la base il y a un choix de notre part. En réalité, celui qui agit ainsi est indéterminé, il refuse donc de s'engager, c'est à dire de concrétiser sa liberté par un choix. C'est ce qu'on appelle en philosophie la liberté d'indifférence, et Descartes disait « c'est le plus bas degré de la liberté de l'Homme ». L'Homme est effectivement libre, il se détermine à choisir quitte à ce que ces choix là se révèlent être des erreurs. Mais il ne faut pas s'engager pour s'engager. Pour qu'un choix soit un acte libre, il faut avoir réfléchit pour connaître les raisons de notre choix. On dit donc que la liberté est impossible à l'ignorant.

II. Peut-on être libre si on laisse les autres choisir à notre place ?

Texte de Kant « La liberté fait-elle peur ? »

Les deux raisons pour lesquelles les « mineurs » se laissent facilement guider par les tuteurs sont la paresse et la lâcheté. Paresse : les mineurs se complaisent dans leur dépendance car il est beaucoup plus facile de se laisser guider par d'autre que soit. Donc fuite à l'égard de leurs propres responsabilités

Lâcheté : la liberté de devoir faire des choix fait peur car cela suppose une prise de risque à l'égard des erreurs possibles liées à nos engagements. Fuite à l'égard de nos propres responsabilités.

Exemples : dans les sectes, les adeptes se mettent volontairement sous la tutelle du gourou. Les fanatiques religieux sont sous la tutelle de leurs croyances. Dans les régimes totalitaires le peuple est sous la tutelle du pouvoir totalitaire. Dans certains Etats islamiques le pouvoir politique se met sous la tutelle des lois islamiques.

Les « mineurs » craignent la « majorité », ils ont peur d'affronter les difficultés de l'existence. Donc ce dont fondamentalement ils craignent c'est leur propre condition humaine.

Indépendance : ne dépendre de personne d'autre que soit pour vivre. Elle est illusoire pour l'Homme qui vit en société.

Autonomie : consiste à ne pas être dépendant d'un autre pour conduire ses pensées ou ses actes. Le mineur est hétéronome (contraire d'autonome) à partir du moment où c'est un autre que lui-même qui lui dicte sa manière de vivre. On ne naît pas autonome, cela nécessite un apprentissage au cours duquel j'apprends à penser par moi-même.
Etre autonome suppose que j'ai conscience d'être l'acteur de mes actes et que mon acte correspond à mes intentions. Conséquence : je porte l'entière responsabilité de mes actes. Etre libre c'est être dirigé par soi-même.

III. Etre libre c'est pouvoir surmonter sa propre nature

Dialectique du maître et de l'esclave de Hegel.
Quand on ne maîtrise pas ses instincts, désirs, pulsion, on est tous esclave de soi.
Quand on maîtrise notre propre nature par la force de notre volonté on devient maître de soi. On est souvent beaucoup plus esclave de soi que des autres. Cette conquête de soi sur soi est permanente et nul n'en sort totalement victorieux. Jusqu'à présent, liberté = choix = autonomie = se libérer de la nature (par la connaissance, le travail, la technique) se libérer de notre propre nature, donc être libre c'est la capacité de tout choisir.

L'Homme peut-il tout choisir ?
On ne choisit pas de naître, notre sexe, la famille, notre identité social, notre physique…
L'Homme se croit libre car il à la prétention de tout choisir, mais en réalité il est prédéterminé. Que faire par rapport à tout ce qu'on ne choisit pas ?

Réponse des stoïciens : pour eux, la nature est de nature divine, donc être libre c'est accepter l'ordre providentiel tel qu'il a été voulu par les dieux (Ex : Œdipe). Donc être libre c'est faire un effort de volonté pour accepter la nécessité. Le véritable esclave ce n'est pas celui qui est soumis aux ordres du maître mais c'est celui qui est soumis à des désirs excessifs, impossible, le mieux étant de se cantonner à des désirs naturels et nécessaires, donc la véritable liberté n'a rien à voir avec la condition sociale puisque l'esclave peut être libre tant qu'il accepte sa propre condition d'esclave. Critique : accepter la nécessité c'est se résigner, se refuser à agir. Contrairement aux stoïciens, Epicure refuse l'idée d'une puissance spirituelle gouvernant l'univers. Les hommes se sentent libres car personne ne choisit pour eux. Lucrèce quant à lui, explique la liberté et la volonté de l'homme par la déclinaison des atomes qui entraîne une déclinaison de l'esprit qui n'est plus soumis à une fatalité interne.

Position de Sartre : être un Homme libre c'est devoir, en permanence, prendre la responsabilité de ce dont, au départ, on n'est pas responsable. Différence entre un Homme et un coupe-papier : le coupe papier est un objet technique fabriqué par l'Homme pour l'Homme. Avant même d'être produit, un homme en a eu l'idée, et grâce à cette idée, il lui a donné une définition. Le coupe papier a une essence avant d'exister. L'Homme a-t-il été fabriqué à partir d'une idée ?

Réponse religieuse : oui, l'Homme est une créature divine.

Réponse de l'athée : l'Homme n'a pas été fabriqué à partir d'une idée, il n'est pas prédéfini d'avance, c'est lui qui va devoir se définir en donnant du sens à toutes les situations auxquelles il est confronté en fonctions de ses projets.

Texte de Sartre « totalement déterminé et totalement libre…»
L'Homme rencontre certaines situations qui vont être vécu comme une fatalité, c'est à dire des destins malheureux indépendant de notre volonté, quelque chose qui m'a choisit mais que je n'ai pas choisit. D'où une aliénation de ma liberté. Cette nécessité aveugle va ruiner de l'extérieur la vie que je me constituais. Donc la situation limite mes possibilités actuelles. La vie de celui qui subit cette situation bascule. Il ne pourra plus être ce à quoi il s'était librement déterminé à être. La situation est une contrainte arbitraire qui m'invalide. Elle agit, je la subis. Conséquence : Je ne suis pas responsable de la maladie, donc je n'ai pas à en répondre. D'où l'expression être diminué, emprunté au domaine des maths, donc comptablement on est réduit à quelques possibilités.

La liberté d'un homme se réduit-elle à la quantité de possibilités dont il dispose ?
Non, nous subissons tous d'une façon ou d'une autre des contraintes extérieures. La liberté de l'Homme consiste donc à regarder la contrainte en face, à lui donner un sens en fonction de mes projets de vie. Je fais face à la situation en essayant de la surmonter. D'où, je suis totalement libre du choix et du sens que je vais donner à cette situation. Je peux baisser les bras, je lui donne alors un sens insupportable. Je peux la surmonter. Je peux la fuir, me voiler la face…

Qu'est-ce qui nous détermine à agir, la situation ou nous-même ?
Ex : il pleut et je sors mon parapluie. Ce n'est pas la pluie qui nous pousse à sortir le parapluie, on a pas envie d'être mouillé. Je donne comme sens à la pluie : je peux être malade.

Sommes-nous plus ou moins libre en fonction du sens qu'on donne aux situations ?
Quelque soit le sens qu'on donne à la situation, on est également libre. Exister : Ex-sister -> sortir de soi-même par la pensée. Etre libre c'est devoir en permanence se libérer en donnant du sens aux situations, c'est devoir redevenir maître d'une situation qui au départ nous échappait totalement. Nous sommes alors totalement responsable de sens donné. Ceux qui parmi nous n'assumeraient pas leur nouvelle condition d'existence et jouent à être ce que les autres attendent qu'ils soient, font preuve de mauvaise foi. Aucun Homme n'est prédéfini d'avance, c'est nous qui nous définissons en donnant du sens à notre existence. La nature humaine n'existe pas car l'homme est en perpétuel effort d'invention, donc la valeur d'un homme est à la mesure de ce qu'il s'est fait, nul ne peut s'inventer d'excuse. Nous sommes condamnés à être libre.

Conclusion

La seule chose qu'un homme ne choisit pas c'est de devoir faire des choix. Nous donnons un sens à notre existence en fonction de nos progrès de vie. Mais ce sens est-il uniquement déterminé par la recherche de nos intérêts égoïstes ? Alors le devoir moral qui implique de devoir en permanence se soucier de l'autre devient une entrave à notre liberté.