Peut-on dire "à chacun sa vérité" ?

Devoir de terminale (en voie générale) qui consistait à faire un plan détaillé sur le sujet. Note obtenue: 14/20.

Dernière mise à jour : 26/08/2021 • Proposé par: tachvador86 (élève)

Affirmer que chacun a sa vérité propre induit qu'il y a une infinité de vérités. Mais dans ce cas, les vérités considérées comme universelles ne le seraient pas, car chaque personne pourrait admettre que cette vérité n'est pas la sienne. Comment peut-on considérer que chacun a sa vérité et admettre cependant qu'il n'y a qu'une vérité propre à tous? Chaque personne est différente et il semble donc logique d'admettre que chacune d'elle ait sa vérité propre. Mais certaines vérités sont indiscutables ce qui inclut qu'elles sont universelles et donc commune à chacun de nous. Mais peut être que si nous considérons une réalité donnée la vérité y est alors différente et toute interprétation est alors propre à chaque cas.

I. Admettre tout comme vrai amène fatalement à des contradictions

La première réponse qui nous vient à l'esprit est qu'il y a autant de vérités que de personnes : une première solution est d'admettre que notre monde est constitué d'une multitude de personnes toutes aussi différentes que possible les unes des autres, et donc par conséquent qu'il semble logique qu'elles puissent chacune avoir une vérité différente. Comment la diversité des hommes inclut une vérité propre à chacun? Et admettre qu'il n'y a qu'une seule vérité ne serait pas une étroitesse d'esprit et considérée comme de l'intolérance? Mais accepter chaque vérité inclut une opposition à un certain moment entre plusieurs d'entre elles, dans ce cas atteindrait-on la limite entre la vérité et la fausseté?

La différence des hommes inclut une multitude de vérités, chaque personne est différente, a son propre vécu, sa propre identité et donc sa perception de la réalité (cf Protagoras « l'homme est la mesure de toute chose », un sophiste qui appuie cette thèse). Moi qui est mon propre caractère et est vécu ma vie avec mes propres expériences ne peut pas considérer vrai les mêmes choses que mon voisin de palier. Par exemple, l'éducation que j'ai reçu est différente de celui-ci et donc pour chacun de nous apparaîtra une vérité propre sur l'éducation des enfants. Et les exemples sont illimités! Prenons un enfant qui a été bercé dans la musique depuis sa plus tendre enfance et un autre qui au contraire n'en a que peu ou pas écouté, le premier aura une sensibilité à la musique et des facilités dans ce domaine alors que le second aura du mal à pénétrer dans ce monde inconnu pour lui. Ces deux enfants ont chacun leur propre expérience et vérité à ce sujet et il est bien normal de penser cela vu le bagage de chacun.

C'est une forme de tolérance que d'admettre les idées des autres et notre monde prône celle-ci donc logiquement il faut admettre toutes ces vérités si l'on veut respecter nos convictions. Prenons le sujet épineux qu'est la religion. En France, par exemple, la laïcité est de mise. Pour certains il est vrai que Dieu existe, pour les athées c'est le contraire. Les deux types de personnes se reconnaissent sans pour autant changer d'avis sur leur position ni essayer de soumettre l'autre. Si on considérait qu'il n'y avait qu'une seule et unique vérité, on ne permettrait pas au gens d'avoir la liberté de choisir. On leur imposerait une vérité qui serait celle d'un autre. Alors qui déciderait qui est celui à qui appartient cette vérité? Pourquoi privilégier cette vérité à une autre?

Cependant admettre toute les vérités inclut des contradictions dans celles-ci. Si Monsieur X affirme qu'une plante est verte grâce à la chlorophylle et que Monsieur Y affirme que la couleur de ce végétal n'a rien à voir avec cet élément un problème se créé. Nous avons admis que toutes les vérités sont bonnes mais si deux vérités sont opposées ceci sous-entend que l'une des deux est fausse. On peut alors se rendre compte qu'admettre que toutes les vérités sont bonnes n'est peut être pas une bonne chose. Et admettre que chacun à sa vérité est imposer sa vérité aux autres alors que c'est justement ce que veulent dénoncer les sophistes. Nous nous rendons donc compte que cette thèse est en elle même contradictoire, alors comment défendre une telle opinion?

II. Certaines vérités ne sont cependant pas vraies pour tout le monde

La solution pourrait alors être le fait qu'une seule et unique vérité existe. Comment la vérité surmonte la diversité des hommes pour se faire universelle? Les vérités propres ne seraient-elles pas une simple opinion? Cela signifie-t-il alors que nous ne sommes soumis qu'à une unique vérité?

Certaines vérités sont considérées comme universelles. Par exemple, tout le monde est d'accord pour dire le soleil se lève à l'est et se couche à l'ouest. Que l'on soit africain, américain, petit, grand, excentrique ou égocentrique on admet toujours que le soleil apparaît à l'est le matin pour disparaître à l'ouest le soir. En mathématiques, le carré de 4 sera toujours 16 et cela envers et malgré tout. Si on laisse l'opportunité aux gens de déterminer ce qui est vrai ou faux comment sauront nous ce qui l'est ou pas? Notre monde n'aura plus aucune base. Tout serait basé sur le scepticisme (cf Pyrrhon), chaque vérité pourrait être réfutée par une autre. Le monde serait alors dans la plus totale confusion.

Mais ces vérités particulières dépendraient donc de la personne. Cela n'induirait-il pas que ce que nous pensons être une vérité n'est en faite qu'une opinion? Je pense qu'il est vrai que faire son devoir de philosophie en dernière minute aide à être concentré sur celui-ci et à être plus motivé. Mais en fait cette vérité semble m'être propre car d'autres diront le contraire. N'est-ce donc pas une opinion personnelle si cette vérité m'est particulière? Ainsi une opinion ne peut pas être une vérité puisqu'elle n'est valable que dans certains cas.

Mais considérer qu'une seule vérité nous régit semble tout de même étrange. Comment une seule et unique vérité peut régenter la vie de milliard de personnes si différentes. Peut être pouvons nous considérer des vérités propres à des groupes de personnes regroupant les mêmes critères. Chez les écologistes, il est vrai que défendre notre planète est une priorité mais ceux qui ne pensent qu'au rendement et à l'argent n'auront pas les mêmes priorités, eux seront basés sur le profit avant tout. Chaque vérité est bonne car elles définissent chacune un groupe de personnes différent et donc nous pouvons les admettre toutes les deux. Nous pouvons donc constater que malgré des vérités universelles, il faut considérer des vérités plus propres aux individus car certaines vérités ne sont pas vraies pour tout le monde.

III. Le partage d'une vérité dépend du contexte dans lequel on se place

Finalement après avoir admis les deux hypothèses précédentes et vu leurs limites, on peut considérer de manière rationnelle que puisque chacun perçoit le monde qui l'entoure à sa manière la vérité dépend de la réalité considérée. En quoi peut-on admettre qu'il n'y a pas vérité propre à chacun? Et comment à l'inverse pouvons nous admettre qu'il n'y a pas de vérité unique? Puisque chaque personne est différente et qu'elle perçoit le monde qui l'entoure selon ses propres critères, peut-on affirmer qu'il y a à la fois une vérité générale et d'autres spécifiques à une certaine réalité?

La vérité ne peut pas être propre à chacun car certaines vérités sont universelles. Si on laissait le loisir à chacun de choisir si oui ou non il est d'accord avec telle ou telle vérité celle-ci n'aurait plus aucune valeur! En mathématiques, il est prouvé que la somme des angles d'un triangle est égale à 180° dans tous les cas. Si on pouvait contester ce théorème tout ce qui en découle serait aussitôt remis en cause. Et il en est de même pour toutes les vérités. Admettre que chacun possède sa vérité est admettre qu'il n'y a aucune vérité universelle, ce qui semble impossible à accepter. Mais revient le problème des contradictions et des paradoxes. Accepter toutes les vérités signifie que nous acceptons des vérités contraires, ce qui est aberrant. Comment admettre A et non-A en même temps? Et si l'on revient à la thèse même, admettre « à chacun sa vérité » signifie que l'on impose sa vérité aux autres. Avec tous ces éléments, il semble donc impossible d'accepter la thèse sophiste selon laquelle chacun possède sa vérité.

Mais accepter qu'il n'y ait qu'une unique vérité ne semble pas non plus une bonne solution. Le sang humain contient des globules rouges et blancs, mais il existe des personnes qui sont dépourvus de globules blancs. Cependant ils sont humains et leur sang l'est aussi. Ceci signifie donc que même si une vérité est générale une exception peut exister et donc du coup cette vérité qui semblait universelle ne l'est plus. Donc il est vrai de dire que certaines vérités ne le sont pas pour tous. La grammaire de la langue française est aussi faite de beaucoup de règles comportant des exceptions. Nous pouvons donc concéder que même les plus grandes vérités peuvent être devenir fausses dans certains cas. Donc il n'y a pas qu'une seule vérité.

Chaque être humain est différent et ces différences lui permettent d'appréhender le monde qui l'entoure selon ses propres critères, il vit dans sa réalité. N'est-ce justement pas cette réalité qui détermine nos vérités? Par exemple, les libanais ont vécu une guerre cet été, ils savent ce qu'est la guerre réellement. Nous ne pouvons que nous l'imaginer, et encore si on prend cette peine. Ils savent ce que c'est d'avoir la crainte de ne pas passer la nuit et de voir leurs proches décéder brutalement. Cet été c'est cela leur réalité. Pour nous, européens, c'était les vacances et il faisait chaud. Comment pouvons nous admettre que nous avons les mêmes vérités que des personnes dans des situations différentes? Il faut tout de même savoir que pour chaque réalité existe des vérités communes. Ce qui signifie qu'il y a tout de même des vérités universelles même s'il y en a aussi des particulières. Les unes complètent les autres. Pour revenir à la guerre du Liban, libanais et européens savaient qu'il y avait cette guerre et qu'il y avait des morts. Même si ce n'était pas du ressort de notre expérience pour nous, tous sont d'accord pour affirmer cela. Et nous pouvons aussi le démontrer dans beaucoup d'autres situations.

Conclusion

Pour répondre au problème de savoir si la vérité était générale ou particulière, nous avons du montrer comment celle-ci pouvait être particulière à chacun grâce à sa propre expérience. Mais en admettant cette hypothèse des contradictions se créent et donc nous nous sommes penché sur l'hypothèse qu'il n'y a qu'une unique vérité. Cependant là aussi des limites se dévoilent. Finalement, nous avons déterminé que c'est la réalité considérée qui détermine la nature des vérités à prendre en compte. C'est donc cette possibilité que nous avons retenu, ce n'est donc pas la pluralité de la vérité qui est remise en cause mais bien la réalité qui la détermine.