Dans cet extrait de Phédon, œuvre de Platon, l'auteur s'interroge sur les effets des désirs et des passions sur nos occupations et les relations entre l'âme et le corps d'un individu. En effet, qu'est-ce qui nous empêche de nous adonner pleinement à la philosophie et donc à la quête du vrai ? Le corps et ses passions sont-ils responsables? Par quel moyen pouvons-nous alors être libérés de ces passions pour enfin accéder au vrai ? En réalité, Platon nous montre ici que le corps est le seul responsable de cette déviation de par les désirs et futilités qu'il suscite et le seul moyen de nous consacrer à la quête du vrai est la séparation radicale du corps et de l'âme.
Dans un premier temps, Platon démontre, en s'appuyant sur l'exemple des guerres, que le corps nécessite un entretien incessant et de ce fait, l'âme n'a jamais de temps pour réfléchir sur le vrai. Quand même elle obtient un peu de répit, le corps revient immédiatement la perturber. Dans un deuxième temps, il aboutit à la conclusion qu'il faut attendre la séparation entre l'âme et le corps pour pouvoir se consacrer entièrement à la philosophie. Or, cette séparation peut être interprétée comme étant la mort de l'individu...
I. L'âme n'a jamais de temps pour réfléchir sur le vrai
Platon distingue d'emblée deux entités essentielles et complémentaires qui constituent un être humain.Le corps représente l'entité matérielle, physique tandis que l'âme, elle, est immatérielle, spirituelle. L'âme est sans cesse à la recherche du vrai, car tel est le but de son existence.Cependant, ce qui l'en empêche, selon Platon, c'est le corps, lui et toutes ses futilités. Le corps est présenté comme le négatif de la pensée, c'est une malédiction qui accompagne l'âme sur son séjour sur Terre. En effet, le corps nécessite des soins incessants, parfois vitaux, parfois inutiles. Il est l'incarnation de tous les problèmes du quotidien telles l'alimentation, les maladies... Mais il est aussi le siège même des désirs, des convoitises, des peurs... Pour expliciter cette thèse, Platon prend ici l'exemple des guerres. Celles-ci sont en réalité le résultat, ou plutôt le moyen de s'approprier des richesses que l'on convoite. Or, de ces richesses, l'âme n'en a que faire. Seul le corps en sera le bénéficiaire après tant de conflits. L'âme, elle, reste passive et se laisse guider par le corps à la recherche de biens matériels. Cette recherche prend toute la vie d'un être humain, le corps est omniprésent et ain