Dans le labyrinthe des mots, Henri Bergson, philosophe du 19e siècle, nous invite à une introspection sur la façon dont notre langage, plutôt que de révéler la véritable essence des choses et de nos émotions, crée souvent un voile entre nous et la réalité. Une question centrale en philosophie est celle du langage. Le langage se définit comme un ensemble de moyens qui permettent de communiquer des pensées ou des sentiments. C’est une faculté proprement humaine.
Tel est précisément l’objet de ce texte nommé "Les étiquettes du langage" masquent la réalité, extrait de l’ouvrage Le Rire publié en 1900 par Bergson, dans lequel Bergson explique la fonction utilitaire du langage. Dans ce texte, la question est en effet la suivante : comment l’utilisation du langage accentue elle l’écart entre la réalité du monde et la représentation que nous nous en faisons ? Bergson défend précisément l’idée suivante : le rôle du langage déforme notre perception des choses et de nos expériences et nous éloigne de leur réalité concrète en introduisant une impersonnalité dans la façon dont nous les comprenons.
Dans un premier temps, de la ligne 1 à 8, Bergson traite de la fonction utilitaire et réductrice du langage sur notre perception des choses. Dans un second temps, de la ligne 8 à 15, il aborde aussi la fonction utilitaire vis-à-vis des sentiments. Dans un dernier temps, de la ligne 15 à 18, l’auteur explique que la fonction utilitaire du langage masque la réalité.
I. La fonction utilitaire, mais réductrice du langage
Dans cette première partie, l’auteur traite de la fonction utilitaire, mais réductrice du langage.
Tout d’abord, Bergson affirme que « nous ne voyons pas les choses mêmes ». Pour le dire autrement, nous n’avons pas une perception complète de la réalité. Il continue en indiquant que nous attribuons des « étiquettes » aux choses pour les désigner. Nous comprenons donc que les mots utilisés pour désigner des choses sont, d’une part, un intermédiaire entre les choses et nous-mêmes et, d’autre part, limitent notre perception de la réalité des choses. Dans le roman dystopique 1984 de George Orwell, le gouvernement totalitaire utilise la langue pour contrôler la pensée et manipuler la réalité. Orwell introduit le concept de la "novlangue", une langue artificielle créée par le régime pour restreindre la liberté de pensée en limitant la gamme des concepts et des idées exprimables. Par exemple, en éliminant des mo