Ce texte philosophique est extrait du préambule de Quelques pensées sur l’éducation de John Locke. Locke est un philosophe anglais du XVIIe siècle qui s’intéresse à divers sujets comme la philosophie de l’éducation ou encore la philosophie de l’esprit. À travers cet extrait, l’auteur aborde les thèmes du bonheur et de l’éducation. Le bonheur si l’on s’attache à son étymologie latine, on s’aperçoit qu’il est lié au hasard, à la chance. C’est une aspiration commune a tous qui apparaît comme un idéal à acquérir, mais aussi comme une source d’illusion. Souvent défini comme un état complet, stable et du durable de satisfaction, le bonheur apparaît en opposition au plaisir ou à la joie. L’éducation, elle s’oppose à la brutalité, à la sauvagerie. Du latin educatio « formation de l’esprit », elle est la mise en œuvre de méthodes et de procédés propres à assurer la formation et le développement d’un être humain.
L’auteur soutient ici la thèse selon laquelle le véritable bonheur s’atteint en étant stable et bien physiquement, mais également mentalement. On n’a besoin que de ces deux conditions. Sans l’une de celles c’est-ci aucun bonheur n’est possible puisqu’il ne sera pas complet. Nous nous demanderons par quels moyens pouvons-nous atteindre le véritable bonheur ? Locke nous expose de la ligne 1 à 6, les deux conditions pour atteindre le bonheur puis de le ligne 6 à 10 on s’aperçoit que certaines personnes ont une capacité naturelle à suivre le droit chemin et enfin l’auteur examine le rapport entre le bonheur et l’éducation de la ligne 10 à 15.
I. Les deux conditions pour atteindre le bonheur
À la première ligne de son texte, Locke utilise une citation extraite de la Satire X de Juvénal, poète satirique de la fin 1er siècle : Mens sana in corpore sano, phrase latine qui se traduit par « un esprit sain dans un corps sain » .
Il opère une distinction entre d’une part l’esprit qui évoque quelque chose d’immatériel, de subtil et qui renvoie à l’activité mentale et spirituelle d’un être pensant et d’autre part le corps qui constitue la matérialité d’un être vivant, sa dimension physique. Il relie ses deux notions à la santé du bonheur. L’esprit et le corps ont donc une relation étroite avec celui-ci puisqu’ils apparaissent indissociables pour pouvoir atteindre un bonheur authentique. Avec cette première phrase, il nous donne sa définition du bonheur étant d’avoir à la fois un corps et un esprit sain. Il n’y a alors pas de choses à posséder en plus pour atteindre cet état complet de satisfaction, toutes les autres choses apparaissent insignifiantes. L’auteur poursuit ensuite son raisonnement à la ligne suivante en nous faisant comprendre de façon implicite que ces deux notions ne sont pas données a tous, tout le monde n’y pas accès en utilisant le terme « avantages ». Celui qui les possède a le droit a un bonheur complet, il a tout en sa possession et à une certaine supériorité par rapport à celui qui en a un des deux. Celui-ci ne peut profiter d’autre chose et combler ce vide. La négation employée « ne […] guère » suivie du verbe savoir incite le lecteur à prendre conscience que sans un corps et un esprit sain il est ignorant de ce que c’est que le bonheur et se retrouve renfermer sur l’absence à laquelle il doit faire face. On peut prendre l’exemple d’une personne atteinte d’un surpoids, ce qui la touche alors en premier lieu physiquement. On peut dire que celle-ci va se focaliser sur son propre défaut et ne va voir que celui-ci. La personne en question sera alors préoccupée et va commencer petit à petit à ne plus profiter de l’instant présent, des moments de bonheur qui s’offrent à elle, mais va se renfermer sur elle-même. Ce qui va l’impacter par la suite psychologiquement, mentalement puisque le physique et l’esprit se retrouvent liés. Elle n’obtient pas un bonheur complet puisqu’elle fait face à un obstacle sur le chemin pour l’atteindre.
À la ligne 5, Locke fait apparaître une nouvelle notion, le malheur qui a pour définition ce qui cause de la souffrance, affecte une personne. Il est synonyme de malchance, de désastre. Le bonheur ou le malheur est en partie une affaire personnelle qui nous est propre. L’homme le construit l’un ou l’autre puisque les deux vont dépendre de nous, de nos expériences et de nos choix. Chaque homme est responsable de ses actes. En effet, si un homme s’oppose à suivre les règles de la société, les lois en volant des choses, ou en cambriolant c’est lui et lui seul qui est responsable de ses actes, maître de ses propres décisions et qui peux les changer. Il se trouve responsable de son malheur dans ce cas. Il considère qu’il est possible pour l’être humain de maîtriser les ressorts du bonheur ou du malheur. Le penseur emploi une métaphore à la ligne 5 « suivre le droit chemin » qui permet d’améliorer la compréhension de son propos et de réellement le visualiser. Il faut réfléchir avant de prendre des décisions, savoir peser le pour et le contre pour pouvoir prendre les meilleures décisions possibles, même si elles ne sont pas parfaites pour pouvoir avancer. Il faut que ses décisions soient le plus en accord avec nous même pour rester sur « le droit chemin ». Il faut essayer de ne pas s’égarer de celui-ci et pour cela nous devons toujours repenser à notre but de vie. Mais parfois, il arrive d’échouer ce qui permet de se relever en étant plus fort mentalement et physiquement et d’avancer « d’un meilleur pas » . L’expérience se crée en échouant et elle permet de nous rendre plus sages. Par exemple, une personne qui est impulsive, primesautière dans les actions qu’elle entreprend peut avoir un aspect positif au premier abord parce que la personne profite, si elle a envie de faire quelque chose elle le fait, mais ceci peut devenir négatif, néfaste à long terme puisque nous pouvons faire une multitude de choses qui nous écartent de notre but initial, nous dévions de ce droit chemin.
Nous avons pu voir que pour Locke il est nécessaire de posséder deux conditions pour atteindre le bonheur. Si l’auteur nous énonce dans un premier temps que ce dernier dépend de nous, nous verrons qu’il admet néanmoins que certaines personnes naissent avec une part d’innée qui leur permet d’être avantagées.
II. Une prédisposition pour se suffire à soi-même
Dans la seconde partie, Locke montre que certaines personnes ont des prédispositions qui leur permettent de se suffire à eux même et de se construire eux-mêmes en grande partie. Une personne peut naître avec par exemple une malformation au niveau de l’oreille, cela va donc impacter son corps étant donné qu’elle sera malentendante. Ceci montre qu’il y a des gens qui naissent avec des difficultés et d’autres qui ne naissent avec aucun souci. Elles viennent au monde avec un corps bien constitué et par conséquent un esprit bien constitué aussi. Les gens qui ont des difficultés ont besoin des autres pour les aider et avancer dans la vie.
L’auteur précise sa réflexion en exposant avec l’utilisation de la préposition « par » la manière par laquelle ces personnes obtiennent cet esprit sain et ce corps sain et obtiennent alors un bonheur. L’intelligence que certaines personnes acquièrent dès la naissance leur permet d’être et de devenir autonomes pour être « en état de faire merveille ». Dès l’enfance, certaines personnes ont alors des facilités dans certains domaines. Avoir des facilitées intellectuelles ou physiques sont des avantages considérables qui ne sont qu’un hasard. Il existe des bébés précoces, qui réussissent à marcher, à manger, à parler plus tôt que d’autres, et cela grâce à leurs facultés mentales et physiques. Certaines personnes ont un corps et un esprit sain de façon innée dès leur enfance qui leur permet de « faire merveille » il reste tout de même rare. La plus grande majorité des hommes les obtiennent par l’éducation qui fait la base de ce que nous sommes.
III. Le rapport entre le bonheur et l’éducation
John Locke ajoute un nouvel argument dans son cheminement à ligne 10, en nous faisant comprendre que l’éducation conduit au bonheur. C’est le but recherché par celui-ci. La majorité des êtres humains sont le produit de leur éducation. En effet, l’éducation à la fois physique et intellectuelle nous construit et fait ce que nous sommes. Il fait intervenir la moralité dans cette phrase en utilisant des antithèses avec les adjectifs « bon » et « mauvais » ou encore « utiles » et « nuisibles » en disant que cette moralité et le bonheur de la personne sont fortement dépendants. Ses adjectifs qualifient intérieurement le type de vie que nous avons et participe ainsi à fixer le type d’homme que nous sommes en ayant intériorisé une éducation qu’on nous a donnée. Par exemple, si la personne a reçu de son éducateur qu’il fallait respecter et être poli avec les autres, qu’il faut être prudent, réfléchir avant de faire des actes. Celle-ci va connaître le bonheur puisqu’elle a un esprit sain grâce à l’éducation intellectuelle et morale qu’elle a reçue auquel elle va rajouter son éducation physique. Il existe des inégalités dans la transmission de l’éducation qui nous différencie les uns des autres. On retrouve une diversité des esprits et des corps alors avec l’éducation qui permet de rendre chaque homme unique et différent des autres comme le dit Locke à la ligne 11. Il utilise une forme affirmative pour montrer cette idée. Ceci est le produit de son éducation, il n’a aucun doute à propos de ce sujet.
Le processus d’éducation se produit dès la naissance. L’esprit à l’enfance est un esprit vierge, il ne possède aucune connaissance spontanée de ce qui est bien ou mal et imprime alors toutes les normes et valeurs qu’on lui inculque. L’éducation va former, inscrire les premières idées de cette personne et peut le diriger alors d’un côté ou d’un autre assez facilement. L’éducateur cultive le corps et l’esprit des personnes et mêmes les choses les plus anodines, à laquelle on ne fait pas attention ou n’éprouve pas de sensation puisqu’elles sont devenues habituelles, l’enfant va le prendre en compte et peut avoir des conséquences importantes. Les idées reçues à la petite enfance vont être plus fortes que celles reçues à l’âge adulte, car elles forment les fondements de la personne en remplissent son esprit encore vide. En effet, chaque petite erreur commise durant l’enfance dans l’éducation instruite faite par les éducateurs, des personnes du monde extérieur, laisse une empreinte ineffaçable sur celle-ci et la définit en partie dans l’avenir. On nous montre que l’éducation peut être un danger, car elle est si forte que même adulte, on ne peut complètement s’en départir. Le sujet va donc peut-être se construire avec de mauvaises bases et ne pourra pas connaître le bonheur sans un esprit et un corps sain. À contrario l’éducateur peut lui intérioriser de bonnes bases, qui permettront à terme à la personne d’atteindre le bonheur.
Conclusion
Le véritable bonheur pour Locke s’atteint donc avec deux conditions étant d’avoir un esprit sain et un corps sain qui dépendent de nous, de ce que nous allons entreprendre durant notre vie, mais néanmoins certaines personnes dès la naissance vont avoir des facilités naturelles de façon innée qui leur permettent de se suffire à eux, mais cependant la base du bonheur pour Locke est l’éducation qui construit en grande partie ce que nous sommes. Le bonheur est la visée de l’éducation, mais parfois elle dévie ce qui peut avoir des conséquences importantes puisque la personne peut parfois ne pas suivre « le droit chemin ».