Qu'est ce qui nous amène à faire notre devoir, est-ce un motif, ou un mobile? Notre devoir provient-il de la sphère rationnelle ou l'exclut-il? Est-ce l'irrationnel en nous qui nous empêche de faire le bien, n'est-il pas au contraire ce qui nous permet de le faire?
I. Les passions aliènent la raison
La raison avec les passions ne voit plus ni où est le bien, ni où est le mal, et n'est plus apte ainsi à nous donner les lots de notre action.
a) Comme l'ont montré les épicuriens, notamment Lucrèce, à savoir qu'il ne faut pas sombrer dans les passions, afin de pouvoir continuer à vivre dans le bien, c'est-à-dire dans le plaisir. Les passions nous empêchent de faire ce que nous devons faire.
b) Les passions nous amènent à la servitude et notre devoir consiste à nous en libérer. Ce qui reste par ailleurs très problématique. Rousseau propose d'opposer les passions pour s'en libérer, mais comment choisir sans passion, la passion conforme à notre devoir?
c) Saint Augustin propose d'être passionné de Dieu afin de faire ce qui est bien. Mais choisit-on ses passions?
d) Comme le souligne Kant, les passions sont une gangrène pour la raison qui ne voit plus où est le bien et le devoir du sujet qui en est prisonnier.
Objection: Est-ce la froide raison qui nous amène à faire notre devoir? Agissons-nous par motifs rationnels? N'est-ce pas le mobile qui nous pousse à faire ce qui est bien? Si la connaissance du bien est peut-être rationnelle, sa réalisation l'est-elle également?
II. Mais rien de bien ne peut s'accomplir sans passion
Les passions, loin de nous empêcher de faire notre devoir, sont au contraire la condition de la réalisation de ce dernier.
a) Comme l'a démontré Hegel, ce sont les passions qui amènent les hommes à réaliser de grandes actions et à faire avancer l'humanité vers le règne des fins. Les passions nous permettent de faire notre devoir, même si ce n'est pas consciemment et rationnellement que nous l'accomplissons.
b) La passion ce n'est pas uniquement ce que nous subissons, c'est également ce qui nous fait agir, aussi bien dans l'action de penser ce qui est bien, que dans l'action de réaliser ce bien. C'est la passion amoureuse qui amène le Socrate du banquet à s'élever du monde sensible au monde intelligible et à accéder ainsi à l'idée de bien et à connaître son devoir.
c) "La raison est et ne saurait-être que l'esclave des passions" Hu