Contexte général du roman
• L’Œuvre , roman naturaliste de Zola et 14° roman de la série des Rougon-Maquart, écrit en 1886.
• Ce roman met en scène le milieu artistique parisien du XIX° siècle, en particulier les peintres impressionnistes à travers les personnages de Claude Lantier (fils de Gervaise, l’Assommoir), Sandoz.
• Zola s’inspire de faits réels et s’implique dans ce roman, en décrivant un milieu qu’il fréquente. Il découvre toute la misère, la précarité des peintres de l’époque.
Situation du texte dans le roman
• Claude a déjà peint plusieurs paysages de Paris.
• Il revient à un de ses endroits favoris, le Pont des Saint-Pères, sur les bords de Seine, devant la Cité. Il vient s’imprégner de son sujet.
• Début du chapitre IX ; le paysage décrit par Claude avait été aperçu par lui lors d’une promenade avec Christine (chapitre VIII).
I. Du peintre à l’écrivain
1. La vision du peintre
• Texte vu à travers le regard de Claude (focalisation interne)
• Le passage a pour but de montrer la vision de Claude de son sujet (occurrences de « voir »)
• La vision du peintre est caractérisée par des notations propres à la peinture :
• Couleurs (« hermine », « fauve », « ardoise »)
• Contrastes de couleurs et de lumières (« rougeoie »/ »ténèbres »)
• Contrastes entre le flou et la précision, la netteté (« jours de fin brouillard », « se détachant »)
• La vision du peintre ne s’attache pas à la réalité Hormis le « Quai de l’Horloge » et le « Quai des Orfèvres », aucune notation des éléments précis du paysage n’apparaît.
• Au contraire, les éléments du paysage ne sont évoqués que par des termes génériques (« monument ») et non sont que prétextes à jouer avec la lumière : il s’agit d’une vision éminemment impressionniste.
2. L’art de la rhétorique
L’écrivain intervient dans une telle description, dans la manière de présenter la vision du peintre et le paysage. Cette intervention est décelable par :
• Une composition globale stricte : marquée par une présentation générale généralisante (« à toutes les heures »), à laquelle répond une sorte de conclusion tout aussi générale, à partir de « mais » (« quelles que fussent les heures »). Le développement central est marqué par un rythme rigoureux ternaire : « Il la vit » (3 fois), « Il voulut la voir » (3 fois): volonté d’amplifier le tableau mais aussi d’en faire un tableau clos puisque la description revient au point de départ.
• De nombreux parallélismes à l’intérieur des trois parties : “Il la vit”, “le matin”, “le midi”… : comparaisons entre les différents aspects de la Cité qui soulignent la multiplicité de ses apparences.
• Utilisation d’images en nombre, qui apportent une dimension poétique à l’extrait, une empreinte littéraire forte dans la peinture (« palais des songes », « fourrée d’hermine »).
II. Une description symbolique
1. L’île , un personnage vivant
La cité revêt l’apparence d’une femme dans cet extrait :
• Personnification : verbes de mouvement (« baigner »), adjectifs propres à la personne (« nue »), noms communs (« réveil éclatant »).
• L’image finale mentionne explicitement la vie : « Le cœur de Paris battant dans la transparence de l’air ».
• La Cité, un personnage des plus changeant : vingt cités différentes au total dans la description.
2. La cité, un objet d’amour
• La cité est pour Claude une personne aimée vers laquelle il retourne perpétuellement, dont il ne peut plus se passer.
• Le « coup de foudre » de la première rencontre l’attire définitivement : la fin de la description est comparable à celle faite la première fois.
• Cette Cité remplace Christine : elle a pris sa place dans le cœur de Claude, et l’a remplacée dans les promenades amoureuses du début du roman.
Conclusion
• Un texte marquant bien l’union faite entre l’art pictural et l’art littéraire dans ce roman,
• La description de la perversion grandissante de Claude qui se détache du monde « humain » pour s’attacher à la peinture et aux modèles.