Descartes considérait la conscience comme « une chose certaine et indubitable » (Méditations métaphysiques), en lui conférant un rôle primordial dans la définition du « je ». Mais on peut s’interroger sur la place réelle de la conscience. Ai-je une conscience ou suis-je une conscience ? Pour répondre à cette question, il faudrait tout d’abord expliquer la différence entre le verbe « être » et le verbe « avoir ». Il est clair que « avoir » interroge sur une propriété, une caractéristique. Il est donc le lien entre le sujet et l’objet. Par contre, le verbe « être » interroge directement sur le sujet, sur son essence, sa définition. Mais pour définir ce sujet, il est possible de donner la liste (parfois infinie) de ses caractéristiques. Ainsi, la différence entre « être » et « avoir » est parfois infime, notamment pour une chose aux caractéristiques si nombreuses que « je ». D’autre part, que veut dire le mot « conscience » du problème ? « Conscience » ne signifie pas « conscience de soi » ni « bonne ou mauvaise conscience », mais doit être compris dans son sens le plus vaste possible, c’est à dire « ensemble des pensées ». Ainsi, pour éviter toute ambiguïté linguistique, on peut reformuler la question « Ai-je une conscience ou suis-je une conscience ? » par « Est-ce que la conscience est une de mes propriétés ou est-elle l’ensemble de mes propriétés, c’est à dire ce que je suis ? (auquel cas l’essence de ma conscience serait l’essence du « je ») » Descartes, en utilisant son « cogito », affirme que je suis une chose qui pense, c’est à dire que je suis une conscience. C’est ce que nous verrons dans une première partie, en précisant les limites évidentes de cette théorie. Puis nous analyserons le point de vue de philosophes plus contemporains, tels Kant ou Freud, qui apporteront des nuances, voire des corrections révolutionnaires, à la thèse de Descartes. Dans une troisième partie, nous verrons quel point de vue on pourrait adopter aujourd’hui, un siècle après la découverte de l’inconscient.
I. Je suis une conscience
Dans Le Discours de la méthode, Descartes s’interroge sur le fait que nos sens peuvent nous induire en erreur. En effet, nous sommes parfois victimes d’illusions d’optique, de problèmes de vision qui nous donnent une idée fausse du monde qui nous entoure. Si certaines choses que nous voyons n’existent pas, qu’est ce qui est réellement vrai, absolument certain ? Pour répondre à cette question, Descartes va utilise