Introduction
Certaines ville comme Babylone, Sodome et Gomorrhe sont le symbole du Mal. C’est ce que Zola, écrivain s’appuyant sur la théorie du naturalisme qu’il définit dans le roman expérimental a essayé de représenter Paris dans le passage suivant du chapitre 4 de La Curée ; deuxième roman des Rougon-Macquart, histoire naturelle et sociale d’une famille du second empire. Cette scène est la première situation d’inceste entre Maxime et Renée.
I. Mise en scène sacrée de la faute
1. Honte de Renée, malaise
- champ lexical du malaise
- cadence mineure, rythme saccadé des gestes de Renée « alla à la fenêtre, tira les rideaux, s’accouda »
- allitération en s : faute qui renvoie à la figure du Mal, du serpent.
La scène n’est pas décrite entièrement, il n’y a pas de description inutile à les personnages ne sont pas conscients de ce qu’ils sont en train de faire à soucis du naturalisme
Il n’y a pas de description par réalisme :
- le cabinet se transforme en lieu infernal « tremblement de terre » « le sol qui tremble » « les flammes des lampes de gaz »
- dramatisation
Scène primitive symbolique qui participe à la dimension tragique du passage.
2. Description de Paris
- en mouvement : du haut vers le bas
regard de Renée « d'un air écrasé vers les rosaces du tapis », « en bas de la fenêtre », « les trottoirs s’enfonçaient »
- Image de l’enfer, de la mort « l’orchestre était mort »
- Mouvement de fuite « s’en être allée » « en emportant » à Paris se vide de la lumière et de la foule à donc de la vie
- Thème de la pesanteur (traduction physique de leur malaise) « atmosphère lourde », « irrespirable » « ténèbres »
3. Dimension de l’horreur sacrée
Renée prend une forme d’héroïne grecque : Phèdre
PHYSIQUEMENT
- enfermement ; enfermée dans un cabinet
- solitude : comparaison à un dortoir géant « la mer » « le ruban d’ombre »
- petitesse de Renée face à la ville.
PSYCHOLOGIQUEMENT : honte « c’est infâme »
- ce renfermement trouble son regard
- la phrase se termine par l’alexandrin « dégrisée, la face vieillie et toute grave » à échéance morale
- Echo sonore, allitération guttural « dégrisée » « grave »
II. Description de Paris comme une Babylone moderne
1. Point de vue narratif interne
Description de Paris la nuit à l'imparfait
Fidélité de Zola à la description au naturalisme
- verbes d’actions « alla », « s’accouda »
Le point de vue narratif est interne :
- A travers le regard de Renée « elle croyait sentir » « l’attristait » « elle ne croyait plus que »
- Regard de femme car émotions + sensations : - les couleurs
- l’ouïe
- l’odorat
- « comme…comme… » c’est par ses sensations qu’elle évacue sa culpabilité et aussi en rejetant sa faute sur Paris « ville complice »
2. Progression de la description
- multiplication des marqueurs spatiaux
- mouvement de la description liée aux mouvements de Renée
- Progression de la description suit l’état d’âme de Renée : début « emporté » « solitude » « s’en être allé » ; fin « chaleur » « bruit » « roulaient » « respira ».
Culpabilité puis acceptation de ce qu’il vient de se passer
- Nature et mon de des hommes :
Paris d’abord décrit comme un désert « dortoir géant » « vide » « solitude »
Puis monde des hommes « chaleur de tous ces pas » « les hontes » « noces »
3. La fonction de la description
ESTHETIQUE
- 3 noms propres : Café anglais, Café riche et Café Drouot
- contrastes forts : bruit / silence, lumière / obscurité
SYMBOLIQUE
Paris apparaît comme une Babylone moderne
- Paris complice « ville complice »
Naturalisme : influence du milieu sur les personnages à ville de Paris va pousser Renée à accepter le Mal, par des sensations envoûtantes « chaleur de tous ces pas » « senteur d’alcôve » « souffle »
Conclusion
A travers cette scène où la culpabilité de Renée règne face à l’inceste commis avec Maxime, on découvre que Renée n’est décrite par Zola que comme un corps, elle uniquement dans les sensations sans réflexion. D’où l’influence de Paris, ville du vice qui la pousse à accepter son tort. Tel est l’un des principes du naturalisme comme quoi le milieu influence les personnages.