Cette préface a été écrite en 1809. Chateaubriand décide d’écrire ses mémoires en 1803 après une déception amoureuse (Mme de Beaumont) En 1817, au cour d’une promenade dans le parc de Montboissier, il entend le chant d’une grive ce qui lui remémore son enfance dans le château de Combourg. C’est le déclic qui le fait se mettre au travail.
I. Chateaubriand répond par avance aux critiques
Chateaubriand commence par se citer lui-même « Je n’écrirai…
Il méprise « ces » hommes qui écrivent leurs mémoires, car leur raison ne serait que « vanité », « plaisir ». Il accuse ses prédécesseurs de mettre en cause autrui : « compromettent la paix des familles »
En insistant sur ce qu’il n’aime pas chez ses prédécesseurs, il anticipe sur sa justification c’est à dire de ne disposer d’aucun nom.
Il a un destin et doit en rendre compte au public « Ma vie appartenant au public »
Il met en évidence son attitude contradictoire non sans humour et lucidité «après ces belles réflexions »
Champ lexical de la tromperie, dissimulation : « pour me faire illusion », « pallier »
II. Les explications de l’homme, les raisons d’ordre privé
Chateaubriand commence par protester ses bonnes intentions :
- construction restrictive « ne que », « le dessein formel »
- il ne mettra personne en cause , il n’écrit que pour lui « pour moi, à moi même »
1. Chateaubriand, le romantique, s’exprime
C’est le romantique qui parle, submergé par les émotions
- nombreuses occurrences de la première personne=lyrisme=débordement du moi Champ lexical des sentiments, des émotions : sentiment, bonheur, heureux, cœur…
- thème romantique :
- quête de l’impossible bonheur
- héros solitaire, passionné « inexplicable cœur allusion à Renée » montrer dans mes ouvrages que comme appliqué à des êtres imaginaires
2. Les raisons du projet
- revivre les bons sentiments du passé
« Je veux, avant de mourir remonter vers mes belles années »
- trouver une récréation au milieu de travaux austères
« Ce sera …songes »
- éprouver une certaine désillusion
« En rappelant des illusions passées…étranger »
III. Les explications de l’écriture, les raisons d’ordre public
Chateaubriand est un écrivain qui s’est fait des ennemis à cause de ses succès littéraires et un politique qui s’est fait des ennemis pour ses choix politiques (Il a soutenu la royauté pendant la révolution française et à pris position contre Napoléon Bonaparte)
1. Les raisons invoquées
Chateaubriand cherche à prévenir les biographes qui le mettraient à mal
« tous ces faiseurs de mémoires, tous ces biographes marchands »ce sont des termes dévalorisants
Il ne veut pas qu’il circule de ragot
Chateaubriand fait allusion à sa carrière phalanges=corps d’armée
Chateaubriand veut laisser un monument ce qui montre qu’il est orgueilleux hyperbole
2. Un écrivain à l’orgueil démesuré
Chateaubriand se présente comme un justicier qui combat ceux qui ont tort
- récurrence du « je »
- il présente ses choix successifs comme les seuls possibles , il utilise une période très complexe ce qui lui permet de montrer toutes les injustices de son temps « crimes, haine, corrompus, bourreaux, calomnie »
Il prévoit cependant des accusations contre lui et utilise la phrase traditionnelle de bonne foi « Je suis résolu à dire toute la vérité ».
Ce préambule a naturellement un caractère surprenant , extraordinaire mais surtout pathologique. En effet la dualité est constante , comme le souligne l'orgueil frémissant d'un " Moi seul " , suggérant l'image du créateur qui s'isole dans son propre destin pour écrire l'histoire de son âme. Orgueil et solitude fusionnent.
La conscience d'une destinée exceptionnelle avec celle de la création d'une œuvre unique dont les mérites viennent compenser les fautes de l'homme. L'autobiographie apparaît alors comme un moyen d'autodéfense et de survie. Contrairement à ce qu'il affirmait, il eut beaucoup d'imitateurs dans sa démarche introspective et justificative, notamment Proust, avec A la recherche du temps perdu.