On peut donner une définition de base de la liberté. Etre libre c’est faire ce qu’on veut. Évidemment on ne peut le faire que si on sait ce qu’on veut, que s’y on en est bien conscient. Les 2 notions sont donc liées (conscience et liberté) de sorte que le sujet ressemble à un truisme (quelque chose de tellement clair, qui va de soit, qu’on se demande pourquoi on se pose cette question) Cependant, il y a une difficulté car si je sais ce que je veux je ne suis pas nécessairement conscient des raisons pour lesquelles je le veux ou plutôt les raisons que j’invoquerais ne serait peut être pas les miennes. Je pourrais avoir été conditionné, manipulé à vouloir telle ou telle chose donc ma conscience serait superficielle. Je ne serais pas libre mais déterminé à mon insu (sans que je m’en rende compte), inconsciemment. Cependant on est en train de prendre conscience en doutant de soi du caractère, peut être illusoire, de la liberté. Et n’est ce pas ainsi qu’on peut commencer à se libérer ? Donc le problème posé par le sujet est celui de la liberté dans le rapport de la conscience et de l’inconscient. Ou bien on pense que l’homme se définit par sa conscience comme Descartes et alors on pourrait répondre positivement au sujet. Ou bien on pense que l’homme est un être essentiellement inconscient des causes, de ses pensées et de ses actes alors la conscience de la liberté est illusoire (comme le pense Freud). N’est ce pas dans la spontanéité, dans la libération des instincts que résiderait la liberté ? Mais une liberté aveugle a-t-elle un sens ? N’est ce pas dans le devenir conscient que réside la liberté ? Elle ne serait pas alors une donnée (quelque chose de donner) mais une conquête (quelque chose que l’on doit gagner).
L’homme se définit par sa conscience. C’est ce que pense Descartes. On peut douter que l’homme soit lire mais pas qu’il soit conscient. C’est ce qu’on appelle le cogito : « je pense donc je suis ». Mes pensées viennent de moi même de ma conscience. C’est moi qui désire, veut telles ou telles choses. Evidement, comme l’enfant j’ai des idées qui me viennent d’ailleurs, de l’éducation, du conditionnement publicitaire. Mais je peux en prendre conscience et les rejeter par ma raison. C’est par ma raison que je me rends compte aussi que le désir est aliénant (être dépossédé sans s’en rendre compte, dépendant). Il nous faut dépendre de l’objet du désir. Par conséquent, c’est par sa volonté éclairée par la raison que l’homme peut être libre. Il peut être l’auteur de ses pensées et de ses actes.
Mais une vie sans désirs, sans passions n’aurait pas de sens et Descartes reconnaît que les passions ne sont pas mauvaises par nature, encore faudrait il que ses passions soit bien les nôtres. Or peut on en être sûr ? Jusqu’à quel point ? ce n’est pas la volonté qui engendre le désir. Bien souvent, on se rend compte que des hommes, qui obéissent à une morale rigoureuse ne sont pas heureux pour autant, qui peuvent être déprimés, névrosés. Tout autant que d’autres ont l’impression d’être libre en faisant ce qu’ils veulent alors qu’ils sont manipulés. C’est pourquoi on peut se demander si on est essentiellement inconscient. Si ce n’est pas en libérant l’inconscient qu’on serait vraiment libre.
La conscience est la forme la plus superficielle du psychisme. Ses idées, ses valeurs, ses choix sont déterminées à son insu (sans qu’il s’en rende compte). C’est la thèse que développe Freud la conscience est ce par quoi on s’adapte au milieu, on contrôle et on se contrôle. Qu’est ce qui est contrôlé en nous ? Ce sont nos envies, nos désirs et la conscience n’est jamais que la forme ultime du refoulement. Le moi refoule dans l’inconscient tout ce qui est interdit, prohibé par la société. Par conséquent il peut sembler que la liberté réside dans la libération des pulsions, l’absence de contrôle, la satisfaction des désirs les plus interdit, les plus prohibé. Etre donc le moins conscient possible, se livrer à tout les excès serait l’expression de la liberté à l’état pure. Il est rare qu’on se laisse complètement aller sauf sous l’emprise de l’alcool ou de la drogue. Il y a toujours un minimum de contrôle, ne serait ce que parce que le refoulement est fondamentalement inconscient. D’autre part une liberté sans conscience est une contradiction dans les termes. On ne dira pas qu’une pierre ou une plante est libre. Et si on peut le dire d’un animal en tant qu’il a le sentiment de vivre. Chez l’homme il n’y a pas de liberté sans conscience de liberté. Ce qui suppose la conscience symbolique. Ainsi un homme inconscient n’est pas libre, il est déterminé à son insu par des pulsions. C’est pourquoi d’ailleurs Freud ne recommandait pas la libération des instincts. Enfin cette « libération » se retournerait contre la liberté puisque ce serait le chaos. Chacun vivrait dans la crainte de la mort violente. Pour être libre, il faut d’abord être. Hobbes qui est un philosophe anglais disait : « l’homme est un loup pour l’homme ». Par conséquent, la liberté suppose que l’on puisse trouver un équilibre entre la satisfaction de ses désirs et le respect de la liberté d’autrui. Et c’est là encore par la conscience qu’on peut y arriver. Le problème social et politique suppose la conscience.
L’homme ne peut pas être identifier à un sujet absolument conscient de ses pensées et de ses actes comme le pensais Descartes amis il ne peut pas non plus être réduit à un être totalement déterminé par l’inconscient. Puisque nous avons conscience d’une part d’obscurité en nous, nous ne sommes pas totalement inconscient. Nous savons que nous pouvons être manipulé, conditionné, poussé par des pulsions et puisque nous avons conscience, nous ne sommes pas qu’inconscient. Par conséquent, c’est en prenant conscience des déterminismes qu’on peut s’en libérer. Si les psychanalystes insistent sur le rôle que joue la conscience (du patient) dans la guérison des névroses. L’homme normal (qui est capable de travailler et d’aimer) peut malgré le refoulement interprété ses comportements en fonction de la théorie psychanalytique elle-même. De même les connaissances sociologiques, biologiques peuvent nous faire prendre conscience de ce que nous sommes et nous pouvons nous positionner par rapport à cette situation. Par conséquent, il faut reconnaître à la conscience un pouvoir de liberté. Lacan disait : « l’important n’est pas ce qu’on a fait d nous mais ce que nous faisons de ce qu’on a fait de nous » (l’être et le néant)
A la question posée on peut répondre par l’affirmative car la liberté naît avec la conscience mais elle n’est pas toute faite. Elle est sans arrêt à faire. Elle consiste donc dans le devenir conscient. Prendre conscience du déterminisme, des influences multiples et se choisir par rapport à eux. C’est le sens fondamental de la liberté.