Au sens large, une "loi" est une disposition normative et abstraite posant une règle juridique d'application obligatoire. On distingue d'une part, les lois constitutionnelles qui définissent les droits fondamentaux, fixent l'organisation des pouvoirs publics et les rapports entre eux, les lois organiques et d'autre part, les lois ordinaires. Au sens formel, la loi est une disposition prise par une délibération du Parlement. Dans son sens le plus courant, le parlement est l'assemblée élue qui assure la représentation du peuple. Il semble donc paradoxal que se soit l’homme qui veuille instaurer des lois puisque pour sa part il la trouve contraignante en restreignant sa liberté. On peut donc se demander : La loi constitue-t-elle, pour la liberté, un obstacle ou une condition ?
Pour tout être, il est normal dans les sociétés d’instaurer des lois pour faire respecté l’ordre et la sécurité de chacun. L’anarchisme, se caractérisant par le refus de tout autorité, de toute loi, peut paraître séduisant d’un point de vue théorique car il défend la liberté. Malgré tout, si les sociétés ont mis en place des Etats et des structures administratives, c’est que cela était exigé par leur ampleur et leur développement. L’anarchisme est peut être naïf en oubliant la violence et l’agressivité propre aux hommes. La conception hobbesienne du contrat social, présentée dans le Léviathan, s’inscrit dans une logique sécuritaire. L’état de nature est défini comme une « guerre de tous contre tous » où « l'Homme est un loup pour l'Homme » et dans laquelle chacun, guidé par son instinct de conservation, cherche à préserver sa vie. Le contrat social intervient donc pour assurer la sécurité, c’est-à-dire au fond la vie de chacun, en aliénant les libertés individuelles des uns sur les autres. L’État est donc là pour rompre avec l’état de nature en restreignant les droits de chacun. Hobbes prévoit toutefois un droit de résistance aux abus de l’État, lorsque ce dernier met en péril la vie de ses sujets. La vie peut être invoquée comme principe supérieur à la valeur du contrat, car c’est pour sa sauvegarde que l’État a été instauré. Par le biais de la loi, l’homme c’est donc imposé la définition du bien et du mal. Ce sont des obligation auxquelles l’homme est tenu de se soumettre mais qu’il est à tout moment susceptible de transgresser. Pour pouvoir maintenir chacun dans la légalité, l’homme a créé la loi qui va punir ces transgressions.
C’est cette même loi qui rendra l’équité à la personne lésée, qui lui rendra justice. Il convient de distinguer l'idée de justice d'une part et l'institution judiciaire d'autre part. Le mot justice revêt ainsi plusieurs sens selon le contexte dans lequel il est employé. La justice au sens de l'institution judiciaire : qui se qualifie comme l’histoire et les textes anciens regorgent de descriptions sur la manière de rendre la justice de nos aînés. De cette manière grâce aux lois, lors d’un procès les droits et les devoirs de chacun sont connu car « Nul n'est censé ignorer la Loi » et la loi est la même pour tous. Si le système est juste, qu’il respecte bien la loi « chacun recevra une contrepartie équitable à condition que chacun (y compris lui-même) coopère" comme le dit John RAWLS. La justice au sens de l'idée de justice, d'un point de vue moral, permet de ne mettre personne sur un pied d'étal, de donner à chacun ce qui lui revient.
Le deuxième terme de la devise de la République, le mot égalité signifie que la loi est la même pour tous, que les distinctions de naissance ou de condition sont abolie et que chacun est tenu à mesure de ses moyens de contribuer aux dépenses de l'État. La déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1793 déclare que : « Tous les hommes sont égaux par nature et devant la loi. » Selon la déclaration des droits de l'homme de 1795 : « L'égalité consiste en ce que la loi est la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. L'égalité n'admet aucune distinction de naissance, aucune hérédité de pouvoirs. »
La loi est donc juste et permet la justice, l’équité.
Nous venons d’évoquer que l’Homme est dangereux pour lui-même, qu’il a donc fallu lui instaurer des limites définies par la loi. Par logique il semble donc que la loi empêche l’Homme d’être totalement libre. Mais paradoxalement c’est l’Homme lui-même qui se contraint à la loi vue que c’est le citoyen par le biais du Parlement qui les instaurent. L’Homme est donc libre car il n’obéit qu’aux lois qu’il a lui même mis en œuvre, il concilies donc autorité et liberté : l’Homme a perdu ses libertés naturelles pour gagné des libertés civile. L’autorité qu’instaure la loi est donc légitime puisqu’elle librement consentie par ses sujets. Plusieurs siècles avant nous, dans Du Contrat social ou Principes du droit politique, un ouvrage de philosophie politique de Jean-Jacques Rousseau publié en 1762, est développé que la loi nous permet la liberté. Cet ouvrage est connu pour exposer avec clarté et force que la seule forme de pouvoir politique légitime est le pouvoir qui trouve son fondement dans la volonté du peuple (ou « volonté générale »). Rousseau écrit « II n'y a donc point de liberté sans lois ». Ainsi selon lui, la loi est essentielle car elle permet la coexistence pacifique des libertés. De plus, la loi agit toujours sur l’intérêt de la personne, il semble donc qu’en respectant la loi, le sujet agit dans son propre intérêt. La loi et la liberté ne sont donc pas antagonistes mais complémentaires puisque la loi permet la liberté de chacun dans la société.
Spinoza illustre très bien cette idée dans son traité théologico-politique en disant « le sujet enfin accomplit sur l’ordre de la souveraine Puissance des action, visant à l’intérêt général et qui sont par conséquent aussi dans son intérêt particulier »
Il semble donc que la loi soit indispensable à la coexistence de chacun. Néanmoins, il est vrai qu’elle peut être une contrainte pour les individus de la société qui sont obligé de la respecter. Toutefois chacun connaît la différence entre le bien et le mal, chacun connaît la loi et les risques qu’il encourt en voulant la transgresser. De plus comme le dit Rousseau dans
Lettres écrites de la montagne « Il n'y a donc point de liberté sans lois, ni où quelqu'un est au-dessus des lois : dans l'état même de nature l'homme n'est libre qu'à la faveur de la loi naturelle qui commande à tous. Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas ; il a des chefs et non pas des maîtres ; il obéit aux lois, mais il n'obéit qu'aux lois et c'est par la force des lois qu'il n'obéit pas aux hommes. » La loi est donc au service de l’individu puisqu’elle lui permet de garantir ses libertés fondamental et d’organiser la société de façon à ce que tout individu soit considéré comme personne et que chacun soit égaux.