Étymologiquement, les mots art et techniques viennent du grec technè qui désigne l'habileté, le savoir-faire. Ce n'est qu'à la Renaissance que l'artiste va être considéré comme un créateur intellectuel, et l'artisan comme un travailleur manuel. Mais si la technique est la transformation du monde par l'homme, quelle fonction reste-t-il à l'art? Les artistes ont en effet souvent débattu sur leur rôle dans la société. Certains pensaient que leur création devait se mettre au service de la recherche de la perfection esthétique tandis que d'autres souhaitaient que leur art ait un impact sur la société. Ainsi peut-on se demander si les artistes sont utiles.
Tout d'abord, il semble que l'œuvre de l'artiste n'ait pas de réelle utilité. En effet, l'absence de fonction serait l'essence même de l'art. Cependant, certains critiqueront l'imitation qui ne semble apporter rien de nouveau à la nature.
Alors, il conviendra de dégager différents rôles que l'on peut accorder à l'artiste. Il peut en effet ouvrir les yeux de son public sur le monde, l'aider à le découvrir, à le comprendre et, parfois, l'inciter à s'opposer aux injustices et aux inégalités.
Enfin, l'art n'est-il pas une fin en soi plutôt qu'un moyen? L'art est d'abord l'un des piliers de la conscience de soi. Il semble aussi que l'art vienne créer une alternative aux dogmatismes religieux et scientifiques.
L'enjeu de la question est important puisqu'il s'agit de définir la fonction d'une caractéristique propre à l'homme.
I. La fonction naturelle de l'art semble être la recherche esthétique
Dans un premier temps, il semble que l'œuvre de l'artiste n'ait pas de fonction, qu'elle ne soit qu'une recherche du beau, que son seul but soit de tendre vers une perfection esthétique. C'est en tout cas l'une de théories de Kant qui, dans sa Critique de la faculté de juger, avance que l'art doit être désintéressé. Il souhait en effet distinguer le beau de l'utile, la «beauté libre» qui est un jugement esthétique de la «beauté adhérente» qui est en fait un jugement soumis à d'autres critères tels que la performance, qui sous-entendent l'utilité d'un objet. Ainsi, l'art doit être appréhendé sous un angle esthétique, qui ne nécessite aucun concept : pour Kant, la beauté d'un objet ne doit pas se baser sur sa fonction, sur le concept qu'il définit mais sur sa forme pure, indépendamment de son contenu matériel. S'en vient alors une vision subjective du beau. En effet, ce jugement formel dépend de chacun.