Cet extrait du texte d’Emile Durkheim (1858-1917), intitulé « L’éducation morale », est consacré à la morale. Le sociologue français met en évidence le paradoxe selon lequel les individus sont empreints de la morale de leur époque, en même temps qu’ils se considèrent comme autonomes, et libres d’exprimer leurs pensées ou leurs opinions. Ils pensent être dégagés de toute autorité morale en général, ils croient penser par eux-mêmes, alors qu’ils dépendent en fait de la conscience de leur temps. Autrement dit, ils se croient libres, mais ils ne le sont pas, dans la mesure où ils sont inévitablement influencés par la morale de l’époque à laquelle ils appartiennent. Dans le premier moment de ce texte (lignes 1 à 10), Durkheim montre en quoi les individus ne peuvent pas vraiment, à l’échelon individuel, modifier la « morale de leur temps ». Ils y sont donc inévitablement soumis. Dans un second moment (lignes 10 à 17), l’auteur insiste sur le paradoxe suivant : l’individu n’a pas véritablement d’influence sur cette morale – c’est en ce sens qu’il est « passif » - mais néanmoins, il se considère comme sacré, en tant qu’individu. Il existe donc une contradiction entre sa passivité, et le sentiment de toute puissance qui est le sien, comme personne autonome. Enfin, dans le dernier moment de ce texte (lignes 17 à 21), l’auteur explique en quoi consiste, précisément, la morale individuelle de l’individu contemporain (celui du début du 20ème siècle) va à l’encontre de toute autorité qui chercherait à s’imposer à lui. Il se forge pour lui-même ses propres codes moraux, indépendamment d’une morale plus générale, dont il ne se sent pas obligé de respecter les règles.
I. Explication du texte
Celle-ci se divise en trois moments, délimités dans l'introduction
a) Premier moment (lignes 1 à 10)
Dès l'instant de notre naissance, montre l'auteur, nous sommes intégrés à une époque donnée. Cette époque est elle-même liée à une "morale" précise. Que faut-il entendre ici par le terme de morale ? La morale désigne, de façon très générale, un ensemble de règles de conduite et de valeurs partagées par une même société, une même communauté ou un même groupe. On parle par exemple de "morale chrétienne", pour désigner les valeurs véhiculées par le christianisme. Nous faisons nôtres, finalement, à notre insu, les valeurs de la culture dans laquelle nous sommes immergés. Durkheim parle dans ce texte des "valeurs morales" en général, mais nous pourrions substituer à cette expression celle de "valeurs culturelles" : nous faisons nôtres les habitudes et les coutumes de la société et de l'époque dans lesquelles nous nous trouvons. Cela vaut pour la morale, comme pour les codes vestimentaires ou culinaires. Les Chinois font du riz la base de leur alimentation parce qu'ils sont Chinois; et les Français mangent du pot-au-feu, les Espagnols de la paëlla, les Italiens des spaghetti parce qu'ils sont Français, Espagnols ou Chinois.
La "morale" est donc "fixée", explique l'auteur dans la première ligne de ce texte. Elle préexiste à notre naissance, et va donc imprégner notre existence tout entière. Durkheim précise ensuite que cette morale dans laquelle nous sommes immergés dès le "moment où nous naissons" va subir, au cours de cette existence, très peu de modifications. Autrement dit, quoi que nous fassions, quoi que nous pensions, cette morale va finalement déterminer l'ensemble de notre vie. En effet, explique l'auteur, " (...) les grandes transformations morales supposent toujours beaucoup de temps". Nous sommes donc en quelque sorte prisonniers d'une époque à laquelle il est impossible de nous soustraire. L'individu ne peut à lui seul, de surcroît, entraîner de modifications profondes. Durkheim constate donc l'impuissance de cet individu - impuissance qui se caractérise par l'impossibilité d'influencer la morale de son temps. Nous comprenons que l'individu ne représente finalement pas grand chose : il n'est que l' "une des innombrables unités" collaborant aux "grandes transformations morales". L'individu est réduit, par conséquent, à cette unité qui, ajouté à toutes les autres unités que les individus représentent, va composer le tout que constitue par exemple la société ou l'Etat - ou tout autre type de groupements d'individus humains. Notre "apport personnel" est réduit au minimum; l'individu est "anonyme", il ne représente qu'une infime partie du groupe auquel il appartient. Ce groupe l'englobe, le surplombe.
En conclusion de ce premier moment du texte, marquée par le connecteur "Ainsi", l'auteur dresse le constat selon lequel la morale étant une "oeuvre collective", nous y sommes involontairement et inconsciemment assujettis. C'est pourquoi nous sommes contraints à la "passivité". "Nous sommes agis plus que nous n'agissons" : les règles morales collectives évoquées dictent à l'individu, à son insu, les conduites à tenir. Il croit peut-être les avoir choisies, elles lui ont été en fait imposées de l''extérieur. L'auteur, de manière implicite, indique que nous nous croyons libres, alors que nous ne le sommes pas.
b) Deuxième moment (lignes 10 à 17)
Durkheim, dans un second mouvement, va mettre en évidence le paradoxe selon lequel l'individu contemporain (nous comprenons : contemporain de l'époque à laquelle Durkheim lui-même s'exprime) s'estime néanmoins libre, autonome - alors même que vient d'être posée la dépendance absolue de l'individu aux règles morales en vigueur au sein de son temps. Sa passivité, écrit-il, "est en contradiction avec une tendance actuelle, et qui devient tous les jours plus forte, de la conscience morale". Mais en quoi consiste précisément cette "tendance actuelle", dans laquelle s'inscrit l'individu ? L'auteur nous l'explique dans la ligne qui suit : " la personne humaine est la chose sainte par excellence "
Durkheim met ici en évidence l'un des traits fondamentaux des démocraties naissantes : l'individu est en train de devenir une personne. Que cela signifie-t-il ? Cela veut dire, essentiellement, qu'il nous faut à présent distinguer l'individu, considéré comme infime unité ou partie d'un tout, de la personne, considérée cette fois du point de vue de son insécabilité. Alors que le tout est divisible, l'individu lui n'est pas sécable, il n'est pas divisible : il constitue un tout à lui seul. Il est lui-même une totalité. Nous passons ainsi, comme l'a montré le sociologue Louis Dumont, d'une période marquée par le "holisme" à une période qui s'ouvre sur l'ère de l' "individualisme". Au sein des sociétés holistes, formant un grand tout, l'individu a une place secondaire; dès sa naissance, il est absorbé dans un système de liens auxquels il ne peut se soustraire : la famille, le clan, l'ethnie, la caste, ou le groupe. La société prime sur l'individu. Inversement, les sociétés individualistes (les individus deviennent des personnes à part entière) se veulent égalitaires, et non plus hiérarchisées; dans ce nouveau cadre, l'individu quitte la communauté pour se réfugier dans sa propre sphère. Il devient indépendant de cette communauté. L'individualisme correspond, comme l'aura montré cette fois Tocqueville, à la naissance de la sphère privée (famille et amis). L'individu s'émancipe de la communauté à laquelle il est intégré. Précisément parce qu'il s'émancipe, parce qu'il devient "autonome", il ne se sent plus soumis aux règles édictées par la communauté. Ces règles concernent notamment, dans ce texte, la "morale". L'individu comme personne va édicter lui-même les règles morales auxquelles il décidera de se conformer. C'est précisément en quoi il accède à l'"autonomie", terme que Durkheim va employer par la suite (ligne 19). Les règles ne lui sont donc plus imposées de l'extérieur (hétéronomie), il en est l'auteur. Le paradoxe évoqué se trouve donc à son paroxysme, à ce moment du texte. "Chose sainte par excellence", la personne humaine se situe désormais au sommet d'une hiérarchie désintégrée, alors qu'elle se trouve néanmoins disséminée dans cette hiérarchie, au sommet de laquelle se situerait ce grand tout que la société constitue. Nous entrons, par conséquent, dans ce que certains philosophes contemporains nomment "l'ère de l'individu". Durkheim montre que nous assistons à la sacralisation de l'individu : la personne "a droit au respect que le croyant de toutes les religions réserve à son dieu".
A l'individualisme naissant se couple un nouvel humanisme, dans la mesure où "l'humanité " devient "la fin et la raison d'être de la patrie". La personne humaine se situe désormais au centre de la morale du temps. Mais en quoi consiste cette morale, et de quelle manière Durkheim va-t-il résoudre le paradoxe qu'il a mis en évidence dans cette seconde partie du texte ?
c) Troisième moment (lignes 17 à 21)
Au regard de l'établissement de ces deux nouveaux paradigmes - avènement de la personne, avènement d'un nouvel humanisme lié à la sacralisation de cette personne - va pouvoir s'édifier un nouveau type de morale, en vertu de laquelle nous allons, précisément, considérer comme "immoral" tout ce qui portera atteinte à notre liberté. Désormais, nous pensons par nous-même; la société ne nous dicte plus ses normes. Nous n'acceptons de règles que celles que nous avons forgées pour nous-même. D'hétéronomes, nous sommes devenus autonomes : " ... jamais (...) en aucun cas, une manière déterminée de penser ne doit nous être imposée obligatoirement, fût-ce au nom d'une autorité morale".
L'aporie ne semble pas levée, néanmoins, en conclusion de ce texte. Durkheim établit que nous sommes désormais devenus en quelque sorte devenus"majeurs" - terme que Kant a employé pour parler de la sortie de l'homme de la minorité. Cette sortie de la minorité, qui est en même temps accès à la majorité, correspond chez Kant à l'autonomie, précisément.
En admettant, en effet, que nous héritions de la culture et de la moralité de l'époque dans laquelle nous sommes immergés, nous n'en demeurons pas moins libres. C'est ce qu'il nous faut comprendre. Une révolution s'est opérée. Quoiqu'il en soit de l’assujettissement de l'individu aux moeurs de son époque - assujettissement évoqué par Durkheim dans la première partie de ce texte - cet individu se considère désormais capable de se fixer pour lui-même les règles de sa conduite. "L"autorité morale" à laquelle l'auteur se réfère n'a plus d'influence sur lui : l'individu s'est libéré. Il n'accepte plus d'obéir.
II. Discuter la thèse de l'auteur
Thème, notion : la liberté individuelle
Transition entre la première et la seconde partie du commentaire.
Durkheim, dans ce texte, met en relation deux observations contradictoires : il affirme, d'une part, que l'individu est nécessairement soumis à "la morale de son temps". En ce sens, cet individu n'est pas libre. Son champ d'action est infiniment restreint; individuellement, il ne peut modifier les règles morales, dont il est par ailleurs empreint, et qui l'ont façonné tel qu'il est. Durkheim explique d'autre part que l'individu contemporain se considère comme autonome, et n'envisage pas d'obéir à d'autres règles que celles qu'il s'est prescrites. Soustrait à toute autorité morale extérieure, il refuse d'obéir à des normes qui lui seraient imposées. Comment, alors, résoudre la contradiction mise en évidence par l'auteur ? Ne serait-elle, en outre, qu'apparente ?
a) L'individu est prisonnier de son époque, et des valeurs morales que celle-ci véhicule
L'expression "morale de notre temps" renvoie à une définition très générale de la morale, car elle désigne un ensemble de règles de conduite au sein d'une société, ou encore un ensemble de valeurs. Elle s'apparente donc à ce que nous nommons aujourd'hui la "culture". Ce terme est en lui-même ambivalent : la culture peut en effet renvoyer aux moeurs, aux habitudes ou aux coutumes d'un pays ou d'une communauté humaine, mais la culture désigne également l'ensemble des connaissances dont un individu dispose, et qu'il est capable de mobiliser. La culture, en tant qu'elle renvoie à un mode de vie, ou à système de valeurs, se différencie donc nettement de la culture définie comme une somme de savoirs.
* En quoi peut-on dire que nous ne sommes pas libres ?
Nous sommes indéniablement le fruit de la culture dont nous sommes issus. En témoigne, de la manière la plus évidente, la langue que nous parlons. Cette langue nous confère de manière immédiate une certaine identité culturelle. De cette identité nous sommes en quelque sorte prisonniers, puisque nous ne l'avons pas choisie. Nous sommes, en naissant, assignés à une culture donnée, à laquelle nous sommes assimilés. Tout individu se constitue en tant que tel à partir et au sein de cette culture elle-même. Nous avons donné l'exemple de la langue, qui nous permet de communiquer avec nos semblables, et que nous considérons comme "naturelle", alors qu'elle émane évidemment d'une culture et d'un apprentissage. Mais nous pourrions également prendre pour exemple la religion, qui renvoie de manière plus précise à la "morale" dont parle Durkheim. Un grand nombre d'individus se comportent de telle ou telle manière en fonction des règles morales émanant de la religion dont ils héritent. D'une certaine manière, nous "naissons" chrétiens, musulmans, ou juifs. Même si nous pouvons toujours choisir telle ou telle religion, celle que nous adoptons correspond la plupart du temps à celle au sein de laquelle nous avons été éduqués. Dans les sociétés démocratiques occidentales, la religion a perdu une grande partie de son influence; de plus en plus d'individus revendiquent un athéisme assumé. L'individu s'est en effet progressivement détaché de l'autorité morale que l'Eglise chrétienne représentait, se forgeant pour lui-même sa propre morale. Il existe désormais une morale laïque, ce qui était encore difficilement envisageable, en France par exemple, jusqu'à ce que la séparation de l'Eglise et de l'Etat ait été officialisée et légitimée (1905). Mais on pourrait considérer à ce titre que l'athéisme, ou la laïcité, représentent ces cadres nouveaux à partir desquels notre morale nouvelle s'est édifiée. Ainsi que l'explique Durkheim, les plus grandes transformations morales supposent toujours beaucoup de temps : il a en effet fallu du temps pour que nous passions du paradigme judéo-chrétien au paradigme laïc. Les valeurs morales inhérentes à une religion donnée ne sont pas les valeurs morales que la laïcité élaborent. Mais, dans les deux cas, nous héritons d'un schéma de pensée propre à la dimension religieuse, ou à la dimension laïque. Toute pensée individuelle s'inscrit à l'intérieur d'un schéma qui lui préexiste. La structure morale collective détermine par conséquent la structure morale individuelle. C'est en ce sens que nous sommes agis plus que nous agissons, ainsi que l'écrit Durkheim.
* Caractéristiques du holisme (Louis Dumont)
Ainsi s'opère le passage des société holistes aux sociétés individualistes : en pénétrant dans l'ère de l'individualisme, nous quittons l'ère "holiste", comme le disait Louis Dumont (Essais sur l'individualisme, 1983), au sein de laquelle chacun se voyait assigné une place bien précise, distincte de celle des autres - tous les individus étant soumis à une autorité supérieure et transcendante Il y a en effet deux sortes de sociétés, explique le sociologue Louis Dumont. Là où l'Individu est la valeur suprême je parle d'individualisme; dans le cas opposé, où la valeur se trouve dans la société comme un tout, je parle de holisme. Nous avons donc cette possibilité, comme nous l'entrevoyons dans le texte d'Emile Durkheim, de distinguer les sociétés en fonction de la manière dont elles établissent leurs valeurs de référence, et d'après la hiérarchie qu'elles instaurent entre ces valeurs. Finalement, la contradiction mise en évidence dans ce texte peut être résorbée de la façon suivante : la plupart des sociétés, aujourd'hui, sont en fait une sorte de mélange entre le holisme et l'individualisme. L'un et l'autre ne s'excluent pas forcément.
b) Avènement de l'individualisme : accès de l'individu à l'autonomie
* Déclin de la religion
Il existe toutefois bel et bien une rupture entre deux époques bien distinctes. L'avènement de l'individualisme correspond à l'avènement de l'autonomie. Kant, dans un opuscule célèbre, intitulé Qu'est-ce que les Lumières? " (1784), met en évidence le fait que l'homme doit penser par lui-même, et de se libérer de ses préjugés. " Sapere aude ! " : "Aie le courage de savoir!". Les Lumières correspondent en outre au processus selon lequel l'homme sort de l'état de minorité. L'individu doit se dégager de cette volonté qui lui fait accepter comme légitime l'obéissance à une autorité supérieure. Kant, dans ce texte, donne trois exemples : nous sommes dans l'état de minorité lorsque nous nous référons à un livre, ou à un auteur, qui nous sert de référence suprême, et dont nous suivons chaque précepte. Nous sommes également "mineurs" lorsqu'un guide spirituel se substitue à notre propre conscience. Enfin, nous sommes également en état de minorité lorsque nous suivons à la lettre le régime qu'un médecin nous prescrit. Etre autonome (étymologiquement : auto / nomos se donner à soi-même sa propre loi), c'est donc avoir le courage de se défaire de ces schémas préexistants qui nous servent de guides ou de modèles.
Le déclin de la religion fait partie intégrante du processus d'individualisation, dans la mesure où Dieu représente, par excellence, la figure de l'autorité suprême. Les premières critiques de la religion ont émané de la philosophie des Lumières. Le progrès, également synonyme des "Lumières", implique que la Raison l'emporte finalement sur la Foi ou sur la croyance ou les superstitions. La raison opère dans le domaine de la vérité et de la science, et s'oppose en ce sens à la Foi.
Au 19ème siècle, Marx, Nietzsche et Freud franchissent une étape supplémentaire : alors que les philosophes des Lumières ne doutaient pas encore ouvertement de l''existence de Dieu, ces trois auteurs dénoncent l'illusion religieuse. "Dieu est mort", proclame le Zarathoustra de Nietzsche. Pour Freud, la religion est "l'opium du peuple". L'accès à l'autonomie va donc de pair avec l'évanouissement progressif de l'autorité suprême d'un Dieu transcendant, régnant sur les consciences, et leur dictant les conduites à tenir.
* Caractéristique de l'individualisme ( Alexis de Tocqueville) : individu et démocratie
L'avènement d'un individu autonome s'inscrit, politiquement, dans le cadre des démocraties naissantes. Avant Louis Dumont, Tocqueville, dans De la démocratie en Amérique (1835-1840), montre que les sociétés démocratiques sont mues par deux principes essentiels : la mobilité sociale, et la recherche du bien-être. Dans une société aristocratique, les positions sociales sont figées; la société est organisée de manière hiérarchique, et les places que les individus occupent dans cette société sont héréditaires. Outre la passion du bien-être, basée essentiellement sur l'acquisition de biens matériels jugés indispensables à ce bien-être, Tocqueville stipule que la passion générale et dominante, au sein des sociétés démocratiques, est celle de l'égalité. L'égalité est également un principe nouveau, sur lequel vont reposer toutes les sociétés modernes. Il s'inscrit à la source de leur légitimité même.
Ainsi se trouvent configurées ces sociétés au sein desquelles évoluent les individus contemporains.
Conclusion
Il est finalement difficile de croire que nous soyons totalement libres et autonomes, et capables de nous débarrasser de tous les préjugés - ce qui garantirait que nous soyons en même temps capables de "penser par nous-même". Nous sommes incontestablement déterminés par notre culture, notre éducation, et par l'histoire qui dans son ensemble est la nôtre. Il est néanmoins certain que l'avènement de l'individualisme est intrinsèquement lié au refus d'obéir à toute autorité prétendant nous imposer des idées que nous ne considérons pas comme nôtres.